Etheralis

Etheralis est une invitation à vous asseoir et prendre une pause du rythme parfois trop rapide que la vie nous impose. Mais avant tout, il est important de prendre une photo de vous à l’entrée pour vous ajouter à la banque de données. Pourquoi une banque de données ? Pour permettre à tout le monde de participer à l’expérience avec un réel sentiment d’impact sur ce qui se passe autour. Dans le confort d’un des « poufs » mis à votre disposition, prenez place et profitez de l’atmosphère qui vous est proposée. Cependant, restez vigilant face à ce qui se passe sur la pyramide et les panneaux autour. Si votre nom apparaît, c’est que vous avez une tâche à exécuter. Suivez les consignes comme il se doit, et vous verrez l’ambiance générale s’améliorer, les couleurs gagner en vibrance et le son devenir plus agréable à l’écoute. Échouez à compléter les missions et sentez la tension monter, les couleurs tirer de plus en plus vers un rouge sombre et l’atmosphère sonore se détériorer. Bien sûr, tout n’est pas en votre contrôle puisque les autres habitant l’espace auront aussi des défis à réussir ou non. Entre les différentes sélections des candidats, vivez les conséquences de vos actes en ressentant l’ambiance, brillante ou sombre, qui déteint sur la pyramide et sur les panneaux autour de vous. Il se peut fort bien d’ailleurs, qu’une vidéo de vous filmée à l’entrée apparaisse sur ces dits panneaux. C’est l’occasion parfaite pour reconnaître vos amis et apprécier le spectacle de déformation numérique effectué sur leur visage. Déformations qui seront, bien entendu, différentes selon à quel point vous avez été efficace ou non dans votre complétion des défis. N’oubliez pas de regarder le tableau des candidats, derrière la pyramide, pour voir si vous êtes parmi les participants avec les plus hauts taux de réussites de tâches. Vous pouvez quitter quand vous en avez le goût pour laisser la place à d’autres de venir tenter leur chance et peut-être atteindre de nouveaux niveaux d’ambiance

Lors de l’entrée, le visiteur en question est invité à se présenter devant la borne d’enregistrement. Si ce dit visiteur est déjà enregistré dans le système, il lui sera indiquer de tout de suite passer en salle ; autrement, la personne devra remplir un léger questionnaire pour nous permettre de récolter des données. L’usager nous fournit son nom, une photo de son visage ainsi qu’une courte vidéo de réaction. Ce contenu est parallèlement traité à plusieurs endroits, notamment pour ajouter dynamiquement cette nouvelle personne à la base de données du système de reconnaissance faciale, mais également à des fins de contenus visuels dans la salle. Une fois le procédé d’enregistrement terminé, l’usager est prêt à se diriger dans la salle et à s’installer sur un des poufs disposés. Lorsque l’usager se trouve une place, le système de reconnaissance faciale marque ce dernier comme présent dans la salle. Dorénavant posé, l’usager peut profiter de l’ambiance du projet, en contemplant les différentes dimensions visuelles et sonores de la composition. De temps à autres, le système sélectionne une personne qui devra exécuter un défi dans un délai donnée. La pyramide s’oriente vers l’usager et le système communique sa demande à travers l’œil et les panneaux circulaires. La personne sélectionnée se doit, ou non, de faire le défi demandé. Cependant, nous maintenons un score individuel qui ne cessera d’être affecté par la réussite ou l’échec d’un défi. Ce classement est projeté sur une grande toile blanche sur laquelle les différentes photos de toute personne enregistrée perdent ou gagnent en taille dépendamment de leur score. En addition, l’ambiance audio-visuelle de la salle varie par palier en fonction du taux de réussite des dernières actions. Réussissez le défi, et vous vous rapprocherez d’un système satisfait de votre conformité ; ou ratez-le, et espérez un mécontentement de la part de ce dernier.

Ce projet est une démonstration des technologies de surveillance de plus en plus subtiles et omniprésentes dans nos vies. L’intention était de démontrer à quel point il est facile de camoufler la cueillette d’informations personnelles sous différents alibis, comme une expérience relaxante et amusante dans notre cas. Il nous suffit que d’une seule photo pour ensuite utiliser la reconnaissance faciale pour identifier cette personne dans n’importe quel contexte où une caméra peut l’observer, à sa connaissance ou à son insu. Comme le système de surveillance chinois, qui ne se cache pas de surveiller ses citoyens avec ces 2 milliards de caméras de surveillance, nous étions indifférents au fait que les gens sachent qu’ils étaient filmés. Nous voulions montrer à quel point il est facile de les convaincre de nous laisser les prendre en photo et en vidéo. C’est pourquoi nos caméras sont très visibles et que le système de reconnaissance faciale l’est aussi. De plus, les individus voient les visages d’autres gens, il est donc facile de normaliser l’usage du leur. Ils font comme tout le monde. Il s’agit aussi un peu d’une société à petite échelle, où l’on donne des ordres aux gens. Ceux-ci sont libres de coopérer ou non et leurs décisions auront un impact sur l’ensemble de la « société ».